Journées Italiennes

Lundi 30 mai 2011
à la Maison des relations Internationales à Montpellier
Esplanade Charles de Gaulle

à 17h30 Vernissage de l’exposition : Risorgimento , photos et documents

à 18h Conférence (en italien) : Un Risorgimento Problematico
de Massimo Tramonte , Maitre de Conférence à l’Université Paul Valéry Montpellier III

Le Risorgimento (mot italien signifiant « renaissance » ou « résurrection  ») est la période de l’histoire d’Italie dans la seconde moitié du XIXe siècle au terme de laquelle les rois de la maison de Savoie unifient la péninsule italienne par l’annexion de la Lombardie, de Venise, du Royaume des Deux-Siciles, du Duché de Modène et Reggio, du Grand-duché de Toscane, du Duché de Parme et des États pontificaux au Royaume de Sardaigne.
La première phase du Risorgimento (1848-1849) voit le développement de différents mouvements révolutionnaires et une guerre contre l’Empire d’Autriche, mais se conclut par un retour au statu quo. La seconde phase, 1859-1860, fait considérablement avancer le processus d’unification et se conclut par la proclamation du Royaume d’Italie en 1861. L’unification est ensuite achevée avec l’annexion de Venise et de Rome, capitale de l’État de l’Église, le 20 septembre 1870.

En fait, après le Congrès de Vienne, la Lombardie et la Vénétie sont données à l’Autriche qui instaure le Royaume lombard-vénitien sous domination autrichienne. La maison de Savoie récupère le Piémont, Nice et la Savoie et entre en possession de Gênes. Le pape retrouve les États pontificaux mais, ne peut récupérer ni le Comtat, ni Avignon. Le Bourbon Ferdinand Ier retrouve son royaume des Deux-Siciles. Les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla sont attribués à l’épouse de Napoléon, Marie-Louise d’Autriche. Modène et la Toscane sont attribués à des Habsbourg (Ferdinand III de Lorraine, grand-duc de Toscane et François IV d’Este-Lorraine, duc de Modène). Le retour des souverains légitimes s’accompagne partout du régime politique antérieur. L’Autriche tient garnison dans les citadelles de Plaisance, Ferrare et Comacchio.

En 1848, l’Italie est encore cette « expression géographique » qu’avait évoquée Metternich en 1815, au lendemain du Congrès de Vienne. À la différence du royaume de Piémont-Sardaigne, seul État vraiment indépendant et puissant de la péninsule, Rome et les États pontificaux, de même que le royaume des Deux-Siciles des Bourbons de Naples, ne disposent pas d’un poids politique réel face à la domination qui s’exerce directement sur le royaume lombardo-vénitien, sur le duchés de Modène et de Parme, et sur le grand-duché de Toscane.
L’élan national trouve donc comme adversaires les Autrichiens à Milan et à Venise, les Bourbons à Naples et en Sicile, et le pape à Rome.

En 1848, donc, à Milan il y a des soulevement favorables au Risorgimento contre la domination autrichienne, et le royaume de Savoie décide de soutenir la révolte du peuple. Ainsi, la guerre du Piémont-Sardaigne contre l’Autriche  provoque une série de soulèvements en cascade. Les derniers mois de 1848 Florence s’insurge à son tour.
Début mai, à Parme, des officiers pressent la Grande Duchesse Marie-Louise de Bourbon d’intervenir aux côtés du Piémont-Sardaigne. Ayant refusé, elle est contrainte à la fuite. Une junte provisoire assume le pouvoir au nom du souverain piémontais.
Le 11 juin, le duc de Modène, François V, quitte son État. Un pouvoir provisoire déclare le rattachement à la Couronne de Savoie.
Dans le même temps, Bologne se soulève.

À Rome et à Venise les Républiques sont proclamées : mais après la défaite du Royaume de Sardaigne de Carlo Alberto, les deux villes se préparent à subir un long siège, Venise par les autrichiens et Rome par les armées napolitaine et française, mise entre temps sous protection du Vatican.
Le 9 février, la République romaine est fondée. Le pouvoir exécutif est exercé par un triumvirat avec Mazzini, Carlo Armellini ed Eurelio Saffi.
Mais la République romaine n’est pas reconnue par la Deuxième République française, dont le gouvernement conservateur du parti de l’Ordre envoie un corps expéditionnaire qui débarque à Civittavecchia le 24 avril 1849, prétendument pour empêcher les Autrichiens de s’emparer de Rome. Les troupes romaines commandées par Giuseppe Garibaldi arrivent à arrêter les Français (30 avril). Les élections législatives de mai 1849, ayant donné une large majorité au parti de l’Ordre, le gouvernement, ordonne au général Oudinot, commandant du corps expéditionnaire, de s’emparer de Rome pour y rétablir le pape. La République romaine résiste pendant un mois durant lequel Goffredo Mameli (celui qui a écrit l’hymne italien) est tué. Elle capitule le 4 juillet.

À Venise, suite à l’insurrection de la ville contre le gouvernement autrichien le 17 mars 1848, la République de Saint-Marc est fondée. Elle aussi eut une brève durée. Venise étant réoccupée par l’armée autrichienne le 24 août 1849 après une résistance héroïque qui dura 17 mois.

Mazzini e Garibaldi, qui ont tous les deux participé à la breve expérience de la République romaine se connaissaient déjà !
C’est en 1833, à Marseille que Garibaldi adhère à la « Giovine Italia » et rencontre Mazzini. C’est un rapport de subordination et de confiance qui lie le nouveau conspirateur au chef de la Giovine Italia.
Mazzini passe l’essentiel de sa vie en exil, en France où il fonde à Marseille la Giovine Italia, pendant longtemps le premier et le plus important mouvement patriotique moderne. En fait Mazzini, au contraire de Garibaldi, est un patriote utopiste, obstiné à défendre, contre le cours de l’histoire, l’idée d’une Italie unifiée des Alpes à la Sicile sous un régime républicain.
Au contraire, déjà  en 1848, Garibaldi se proclame très vite « plus patriote que républicain » avant de se déclarer  publiquement au service « du roi de Sardaigne qui s’est fait le régénérateur de notre péninsule ».

Après Mazzini et Garibaldi, un autre protagoniste de l’histoire du « Risorgimento » est Camillo Benso di Cavour : lui, qui écrivait plus naturellement le français que l’italien et qui ne connaissait de la péninsule que le Nord et les provinces sous domination autrichiennes, s’affirme comme le principal artisan de l’unité italienne. À la tête du journal « Il Risorgimento », mais surtout comme ministre puis président du Conseil du royaume de Piémont-Sardaigne, il poursuit un seul but : l’unification de l’Italie indépendante sous la bannière de la dynastie de Savoie.

En 1854, Cavour envoie un contingent de “bersaglieri” pour soutenir la coalition anglo-franco-turque qui pendant la guerre de Crimée se battait contre l’Empire russe. Cette action permet au Royaume de Savoie de créer des relations avec les grands puissances et surtout avec la France de Napoléon III. En 1858, la France et le Royaume de Sardaigne signent les Accords de Plombières, par lesquels la France s’engage à soutenir militairement le Piémont en cas d’ aggression de l’Autriche.
Déjà à partir de 1859, le Piémont provoque l’Autriche qui déclenche les hostilités. Selon les accords, Napoléon III envoie son armée soutenir les Piémontais. C’est le début de la  seconde guerre d’Indépendance. L’Autriche envahit le Piémont en traversant le Tessin, les armées franco-piémontaises infligent une défaite aux Autrichiens lors des batailles de Palesto e Turingo. Les Autrichiens reprennent l’initiative en traversant de nouveau le Tessin, mais il sont à nouveau et définitivement battus lors des batailles de Solferino et San Martino.
Au terme des combats, les Autrichiens sont rejetés au-delà du Mincio. Napoléon III décide de négocier une paix et prend contact avec François-Joseph, empereur d’Autriche. Le 8 juillet un accord est passé pour la suspension des hostilités ; le 12 juillet l’armistice de Villafranca est signé.

Le royame de l’Italie centrale prévu lors des entretiens entre Napoléon III et Cavour est mort-né. Les souhaits de rattachement au Piémont-Sardaigne sont entérinés par des plébiscites comme à Parme, ou par les votes d’assemblées élues au suffrage censitaire en Toscane.
Mais soucieux de ne pas effrayer les chancelleries européennes, Victor-Emanuel II est prudent et attend que la France, en particulier, donne son accord, accord qui n’arrive qu’en décembre 1859, avec la publication de l’opuscule « le pape et le congrès » par lequel l’empereur admet la possibilité que le pape perde son autorité sur les Légations, mais pas sur Rome et le Latinum.

La mort de Ferdinand II de Bourbon, à qui succède le jeune François II, inexpérimenté et sans grande vue politique, a sans doute facilité la politique de rattachement du royaume des Deux-Siciles. En avril 1860 le pouvoir des Bourbons doit faire face à une expédition menée encore une fois par Giuseppe Garibaldi.
Le 4 avril 1860, une révolte anti-napolitaine éclate à Palerme; le roi Victor-Emmanuel et son ministre Cavour refusent officiellement l’envoi de deux régiments d’infanterie réclamés par les émeutiers. Mais ils n’entravent pas le départ de Garibaldi pour les États  bourboniens.
Dans la nuit du 5 au 6 mai 1860, Garibaldi avec une armée de 1077 hommes part de Quarto près de Gênes, pour la Sicile. Débarqué à Marsala, sur le côtes occidentales de la Sicile, il marche vers l’intérieur des terres: ils battent les Bourbons lors de la bataille de Calatafimi et gagnent la ville de Palerme.
Les dernières phases de cette campagne se concluent à Gaeta, où François II de Bourbon sans aucune aide des puissances européennes, résiste. La ville est durement bombardée par l’armée piémontaise. L’armée des Mille entre triomphalement à Naples le 7 septembre.

Le 26 octobre , Victor-Emmanuel rencontre Garibaldi à Teano, ce dernier salue le monarque du titre de roi d’Italie. Élue en janvier 1861, la première Chambre des députés de l’Italie unifiée se réunit à Turin le 18 mars. Elle proclame Victor-Emmanuel « roi d’Italie par la Grâce de Dieu et la volonté de la Nation ».
Après l’annexion de la Sicile, le rattachement de la Toscane et la proclamation du royaume d’Italie en mars 1861, il ne manque plus au pays que Venise et Rome pour achever son unité.
Mais l’Unité italienne s’est en partie effectuée contre le pouvoir temporel du pape.
Dans ses discours des 25 et 27 mars 1861 devant la Chambre, Cavour expose les principes qui doivent présider aux relations entre l’État et l’Église : c’était une formule destinée à rester  célèbre : « une Église libre dans un État libre ».
Bettino Ricasoli, qui a succédé à Cavour, qui meurt le 6 juin 1861, se rend à Paris afin de négocier avec la France le statut des États pontificaux.
Si les autorités italiennes sont enclines à la prudence vis-à-vis de la question romaine, des patriotes italiens, Garibaldi le premier, le sont beaucoup moins. Le héros des Deux Mondes lance, le 20 juillet 1862 à Marsala son slogan « Rome ou la mort».
Napoléon III installe à nouveau une garnison à Rome, et le pape Pie IX campe sur ses positions intransigeantes.
Mais c’est la nouvelle situation internationale qui tranche le nœud gordien de la question romaine. La défaite de la France devant les armées prussiennes et la chute du Second Empire provoquent le retrait de Rome de la garnison française. L’opportunité politique est trop grande pour que le gouvernement italien laisse passer l’occasion.
Le 20 septembre 1870, après cinq heures de bombardements, une brèche est ouverte dans les murs de Rome près de la “Porta Pia”, (devenue “Brèche de Porta Pia”).
Le 2 octobre un plébiscite donne une onction populaire à l’annexion de Rome qui est proclamée capitale du royaume d’Italie.
La prise de Rome décrète la fin des États pontificaux et du pouvoir temporel des Papes.
Le pape Pie IX excommunie Victor-Emmanuel II jetant ainsi les prémisses du «  non expedit » qui servira alors de règle à la vie politique des catholiques pendant près d’un demi-siècle. Réfugié au Vatican où il se considère comme prisonnier, le souverain pontife ouvre la controverse politique relative au rôle dévolu à la « Ville éternelle », à la fois capitale politique et temporelle : c’est le début de la Question romaine qui sera définitivement réglée en 1929 par les Accords de Latran.

Giuseppe Garibaldi est, avec Cavour, Mazzini et Vittorio Emanuele II, un des “Padri della Patria” (Pères de la Patrie). Héros des Guerres d’Indépendance et de l’Unité Italienne, la plus célèbre de ses entreprises est “l’Expédition des Milles” grâce à laquelle il conquit Le Royaume des deux Siciles. Il meurt sur l’île de Caprera en 1882.
La carrière militaire de Garibaldi, en fait, sur terre comme sur mer, en Amérique comme en Europe, lui vaut d’être appelé par ses contemporains le « héros des deux mondes ». L’image du combattant au service de l’indépendance des peuples gagne de nombreux pays. Des statues du condottiere sont érigées partout dans le monde.
Inscrit dans la toponymie urbaine, présent dans la littérature de fiction et de commémoration, intégré aux débats polémiques sur l’existence d’une véritable culture nationale et patriotique italienne qui transcenderait les clivages politiques gauche-droit, Giuseppe Garibaldi incarne bien, au-delà d’une vie de combats, d’aventures et d’engagements contradictoires, la permanence d’une légende romantique et d’un mythe politique à la fois national et universel.

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