Mercredi 16 mars 2016
de 19h30 à 21h30
à l’Espace Martin Luther King
27 boulevard Louis Blanc à Montpellier
Tram ligne 1 , arrêt Corum
Thérèse présente « Vaghe stelle dell’orso » Luchino Visconti (1965)
19 h. 30 précises : projection du film.
Vaghe stelle dell’Orsa io non credea
Tornare ancor per uso a contemplarvi
Sul paterno giardino scintillanti,
E ragionare con voi dalle finestre
Di questo albergo ove abitai fanciullo,
E delle gioie mie vidi la fine.
Leopardi .Le Ricordanze.
Après « Le Guépard », Visconti tourne en 1964 « Vaghe Stelle dell’Orsa »(titre français « Sandra »)avec Suso Cecchi d’Amico et Enrico Medioli. Le film obtiendra Le Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1965.
Sandra: Claudia Cardinale. Gianni: Jean Sorel. Andrew: Michaël Craig .La mère: Marie Bell. Gilardini: Renzo Ricci.
Musique: » Prélude, Choral et Fugue » de César Franck et six chansons de variété à la mode au début des années 60.
Après quatre années d’absence, Sandra , accompagnée de son mari américain Andrew, revient à Volterra à l’occasion de la commémoration de la mort de son père, intellectuel juif mort à Auschwitz. Elle retrouve sa mère, pianiste,qui souffre de troubles psychiatriques, remariée à l’avocat Gilardini et son frère Gianni .Sandra, qui soupçonne Gilardini d’avoir dénoncé son père aux autorités fascistes veut faire la lumière sur cette affaire. Entre la soeur et le frère renaît une intimité équivoque.
Le titre du film renvoie au premier vers du poème de Leopardi « Le Ricordanze » qui évoque sa jeunesse à Recanati; c’est aussi celui que donne Gianni à son roman autobiographique. Et il récitera les premiers vers du poème.
Autre écho littéraire: Visconti choisit de situer l’intrigue dans les mêmes lieux que d’Annunzio dans son roman « Forse che si, Forse che no », la cité étrusque de Volterra , »città di vento e di macino sospesa su la sua bolgia », et le palais Inghirami .Le même thème de l’inceste parcourt les deux oeuvres.(Rappelons-nous que l’intrigue du dernier film de Visconti « L’nnocente » est lui aussi inspirée d’un roman de d’Annunzio .)
Dès le début du film on aperçoit le « balze », ces failles dues à l’érosion du terrain fait d’agile et de sable, que d’Annunzio rapproche de la représentation de l’enfer dantesque. puis les remparts étrusques , restes d’une civilisation mystérieuse et perdue. Et le premier soir, dans la nuit, Gianni évoquera l’effritement de la ville auquel répond celui du palais familial et de ses habitants.
En soulignant la présence du monde étrusque à Volterra, à travers la survivance de motifs comme la coiffure de Sandra ou les urnes funéraires du musée étrusque où se retrouvent Gilardini et Andrew, Visconti joue sur la dimension mythologique de la ville, d’une civilisation mystérieuse.
A propos du personnage de Sandra, Visconti dit: « Per la protagoniste avevo sempre pensato a Claudia Cardinale. Il personnaggio di Sandra, anzi, era scritto su di lei, e non solo per quel che di enigmatico si cela dietro l’apparente semplicità di quest’atrice, ma anche per l’aderenza somatica della sua figura (la testa, in specie) a quella delle donne etrusche … »
A la même époque, Giorgio Bassani ouvre son roman « le Jardin des Finzi-Contini », paru en 1962, par la visite d’une nécropole étrusque, et fait de l’évocation de cette civilisation raffinée et de sa disparition le prélude au récit de la disparition de cette famille de la bourgeoisie juive de Ferrare.
Les lieux: le palais,le jardin et la statue voilée du père , la citerne romaine, son escalier à vis et les reflets de l’eau stagnante, la chambre de la mère, créent une atmosphère pesante et tragique, pleine de secrets; il y a aussi les messages,les objets comme la pendule représentant Orphée et Eurydice: Visconti est un remarquable metteur en scène de pièces de théâtre et d’opéras et la photographie d’Armando Nannuzi joue admirablement de l’ombre et de la lumière.
Enfin le lien avec les personnages de la tragédie grecque est évident: Sandra-Electre, Gianni-Oreste, la mère-Clytemnestre, Gilardini-Egisthe et le spectateur s’interroge: qui a dénoncé le père de Sandra et de Gianni? quels liens unissaient vraiment les deux enfants? mais Visconti présente son oeuvre comme un « gallo » qui garde son mystère: « Nel mio film ci sono dei morti e dei presenti responsabili, ma non è detto che siano i veri colpevoli e le vere vittime. In questo senso, il referimento che io stesso ho fatto all' »Orestiade » è più che altro di comodo. Prendiamo Sandra e Gilardini, per esempio, l’una somiglia ad Elettra per l’occasione che la muove,, l’altro ad Egisto perché al di fuori del nucleo familiare,ma si tratta di analogie schematiche. Sandra a il volto di giustiziere, Gilardini quello dell’imputato, ma in realtà le loro posizioni potrebbero anche risultare capovolte.. L’ambiguità è il vero aspetto di tutti i personaggi del film, tranne uno, quello di Andrew, il marito di Sandra. Egli vorrebbe una spiegazione logica a tutto, e invece,si scontra contro un mondo dominato dalle più profonde contradittorie, inspiegabili passioni.
Questo personaggio è più vicino alla coscienza dello spettarore, che a sua volta, proprio incapace di trovare una soluzione logica agli avvenamenti, dovrebbe trovarsi alla fine chiamato direttamente in causa, obligato a chiedersi non tanto se la madre e Gilardini siano responsabili della morte del professore,o Sandra responsabile di quella di Gianni, quanto si colpa vi è e quale, ma si non si celino dentro di noi una Sandra, un Gianni, un Gilardini.
Insomma un « giallo » ove tutto è chiaro all’inizio e oscuro alla fine (…) »